L'INFATIGABLE GOD-TROTTER (EXTRAIT)
Procurez-vous le reportage complet et ses explications
en vous abonnant à
En Quête.
130 pays, 29 fois le tour du globe : Jean Paul II a bel et bien été
au bout du monde...
Jean Paul II a été par excellence un pape missionnaire.
Avec l'ampleur qu'ont pu donner les médias à son ministère, on peut
le considérer comme le plus grand évangélisateur de tous les temps.
Aucun homme n'a été aussi connu pendant plus d'un quart de siècle.
Comme successeur de Pierre, il a été l'apôtre de Rome
en visitant 308 des 333 paroisses de la Cité éternelle. Mais Jean-Paul II a
aussi souvent évoqué saint Paul, l'apôtre des Nations, pour faire saisir
la portée de son ministère itinérant qui lui a fait visiter des centaines
de villes dans le monde. Paul VI avait déjà ouvert la voie en réalisant
les premiers voyages pontificaux inter-continentaux. Jean-Paul II s'y engouffre, allant au bout
de ses possibilités. Il parcourt un million de km, l'équivalent de 29 fois le
tour du globe ou de huit fois la distance de la terre à la lune ; Il visite 130
pays en 104 voyages apostoliques, 620 villes. Certains le taquinaient : « Essayez
donc de passer de temps en temps à Rome, entre deux vols ! » S'il n'y avait
eu son devoir d'État au Vatican, avec toutes les contraintes que l'on sait, il aurait
été bien plus souvent sur les routes.
Une des grandes souffrances de sa vie : devoir si souvent décliner
des invitations, parfois importantes. L'un de ses plus grands renoncements: devoir ralentir le
rythme les dernières années de sa vie, à cause de sa santé
déclinante. Encore que... même alors, il ira jusqu'au bout de ses forces, visitant
le Kazakhstan, la Georgie, la Slovaquie, l'Espagne, la Bulgarie, la Suisse, jusqu'à son
ultime pèlerinage à Lourdes, alors que c'est humainement de la folie. Un fait
typique : après les Journées mondiales de la Jeunesse (JMJ) de Toronto,
malgré les conseils de son entourage, il tient absolument à aller à
Mexico et au Salvador. Il ne renonce qu'à New York où il voulait prier à
l'emplacement des deux tours,... juste avant son neuvième pèlerinage en Pologne !
Il a fallu vraiment qu'il soit terrassé par la maladie pour ne plus bouger pendant
les derniers mois, si ce n'est pour se rendre à la clinique Gemelli...
Intense préparation
Partir à la légère ? Jamais ! Préparer et se préparer,
des mois à l'avance.
Jean-Paul II se donne une peine énorme. Pendant un de ses voyages
aux États-Unis, il fait 55 discours en une semaine. Chaque intervention est
complètement différente des autres mais l'ensemble forme un tout. Idem au Canada,
où il prend chaque jour un thème différent de l'Atlantique au Pacifique
- aux jeunes, au corps diplomatique, aux chrétiens d'autres confessions, aux
hommes et aux femmes politiques, aux prêtres, aux religieuses.
Les langues qu'il ne comprend pas, il veut les connaître un petit peu,
pour prononcer quelques phrases. Je connais un prêtre indien qui a été
convoqué pour lui donner dix leçons d'un des huit dialectes qu'il devait parler
en Inde. Après le déjeuner, le Pape met la cassette de la messe dans ces
langues pour se pénétrer de la prononciation et des accents. Un travail
inimaginable pour chacun de ses voyages.
En route, le God-trotter épuise son entourage. Mai 1979, premier
voyage en Afrique : gigantesque tournée au Congo-RDC (ex-Zaïre), au
Congo-Brazza, au Kenya, au Ghana. À la fin du voyage, le groupe de journalistes et sa
suite ne sont plus capables de suivre le rythme. Le dernier jour, il lance à une
équipe de télé allemande : « Alors les gars, toujours
en vie ? » Et à ses collègues de la curie : « Ne
vous en faites pas, pour changer, nous passerons Noël dans la neige à
Terminillo », une célèbre station de ski des Abruzzes !
Rien ne lui fait peur, rien ne l'arrête, rien ne le retient. Pas une
difficulté, pas un problème, pas un risque. Les lieux les plus dangereux,
les contextes les plus délicats, les situations les plus critiques, il les affronte,
face à face. Il va sur place. Tête baissée ? Tête lucide
plutôt, et cur embrasé. On le dirait sûr de lui, mais non !
Sûr de Dieu, lui qui l'envoie, le délègue, l'inspire et le soutient.
La Russie menace d'envahir la Pologne ? Il gronde : « Si
l'armée soviétique met en uvre son offensive, je me rends en Pologne et
j'invite 100 000 Polonais avec moi sur les frontières menacées. Je vous assure
qu'il suffirait d'élever 100 000 icônes de la Vierge devant la puissance des
troupes soviétiques pour mettre un terme définitif à cette
invasion. » (Radio Vatican, 22 mars 1981)
L'Angleterre et l'Argentine sont en guerre ? Il s'y précipite, un
pays après l'autre, aussi bien reçu des deux côtés. Haïti
gémit sous la botte de Duvalier ? Il se campe devant lui et lance&,nbsp;: « Il
faut que ça change ! » Et voilà le changement
déclenché ! Le régime du Soudan massacre les chrétiens du
Sud ? Le voilà à Khartoum : « Cesse de détruire l'homme,
c'est ton frère ! »
La mafia multiplie ses crimes ? Il vient à Palerme, au cur
de son fief, piquant la colère de Jésus : « Vous aurez à
répondre du sang versé ! » Moscou l'empêche d'aller en
Lituanie ? Il se rapproche de la frontière : « Ô Lituanie,
j'entends ta voix, j'entends ton appel ! » Et il finit par y arriver :
Vilnius l'acclame le 4 septembre 1993.
Toujours prêt aux imprévus : le président Vaclav Havel
l'invite de façon impromptue à Prague ? Il s'y précipite. L'Albanie
s'ouvre : il y fonce – depuis 50 ans, n'est–il pas attendu ? Beyrouth et
Jérusalem : il y va aussi. Restaient Moscou, Hanoi, Pékin... C'était
son rêve. Benoît XVI pourrait–il y aller ?
Sa famille, là où elle vit.
Mais pourquoi
s'épuiser à parcourir le
monde ? [...] ©EQm
Procurez-vous le reportage complet et ses explications
en vous abonnant à
En Quête.
|
 Daniel
Ange
|