UN DES QUATRE ÉLÉMENTS
L'eau est avant tout ce lieu sacré ou
la vie et la mort s'affrontent.
DES APPROCHES SI DIFFÉRENTES DE L'EAU
Dans l'eau putride du Gange sacré,
le fidèle hindou se purifie d'une vie de péché.
Le ruissellement baptismal sur le front du tout petit enfant signifie
pour le chrétien la Pâques : le passage de la mort
à la Vie. Pour d'autres peuples, il en est tout autrement.
Nous faisions le père Y. et moi-même une marche de
reconnaissance en vue de la première fondation de notre
Communauté dans la forêt amazonienne du Pérou
au delà de Masiapo. Il pleuvait comme à l'habitude.
Nous avancions, couverts du carré de plastic qui sert
d'imperméable aux Quetchuas, dans la boue des chemins
étroits tracés par les pieds des hommes et les
sabots des mules. Mal chaussés, mes pieds ne tardèrent
pas à s'enflammer. Ce soir là nous avons dormi tout
habillés, tête-bêche, sur une table de cuisine que
le menuisier qui nous avait donné l'hospitalité
était en train d'achever. Seulement un paravent de bambou
nous séparait de sa famille. Ses poules nous
réveillèrent en sautant sur notre poitrine avant le matin.
Après la seconde journée de marche, à
l'évidence, il fallait s'occuper de mes pieds endoloris.
Lorsque j'ai demandé de l'eau à mon hôte pour les
laver, j'ai vite perçu que j'étais dans une autre
culture, qu'ici le rapport à l'eau était différent.
Ma demande paraissait incongrue. Est-ce parce que l'eau des fleuves de
la forêt est si violente que l'approcher signifie la mort, est-ce
parce se laver sur l'Altiplano évoque le coup de froid fatal ?
En tout cas la culture andine a de l'eau une image morbide. Difficile
alors d'y annoncer les vertus du baptême... D'ailleurs les plaies
de mes pieds s'infectèrent dangereusement !!!... Le matin
il me fut difficile d'enfiler mes chaussures pour reprendre la marche.
UN VERRE D'EAU OFFERT, UNE VIE MULTIPLIÉE
Pourtant très tôt l'Ancien Testament
mettra en valeur les différents aspects de l'eau qui introduisent
son rôle si important dans la Rédemption que nous apporte
le Christ. Il témoigne d'une eau porteuse de vie.
L'eau que fit amener Abraham à ses illustres
visiteurs sous le Chêne de Mambré pour qu'ils se lavent
les pieds lui valut la fécondité de Sarah.
C'est autour d'un puits que le serviteur d'Abraham
fut conduit par Dieu à Rébecca : c'est celle qui
allait lui donner à boire ainsi qu'à ses chameaux qui
deviendrait l'épouse d'Isaac, le fils de son maître.
Au moment où Rebecca quitte la maison de son père ses
frères la bénissent ainsi : « Notre sœur,
ô toi, devient des milliers de myriades ! »
NOUS AVONS TROUVÉ L'EAU !
« Dans l'allégresse vous puiserez
les eaux aux sources du salut »
Isaïe 12. 3.
Cette joie du Royaume, limpide, comme une eau
est anticipée dans bien des récits bibliques traitant de
l'accès au précieux liquide.
« Mais Yahvé ton Dieu te conduit
vers un heureux pays, pays de cours d'eau, de sources qui sourdent de
l'abîme dans les vallées comme dans les
montagnes »
Deut. 8. 7.
Nous ressentons fortement ce bonheur lorsque nous
approchons les pays arides du Sahel.
« Nous avons trouvé
l'eau ! » rapportèrent les serviteurs d'Isaac
qui creusaient le puits de Rehobot. Isaac put enfin s'établir
à proximité de ce puits pour continuer de prospérer
après les querelles qui avaient opposé ses bergers avec
ceux de Gerar à propos des puits d'Eseq et de Sitna. Pourtant
les bergers d'Isaac n'avaient fait que réhabiliter les puits
qu'Abraham avait creusés et qui avaient été
bouchés par les Philistins !
À LA RECHERCHE DE L'EAU VIVE DE L'ÉTERNITÉ
Cette bénédiction de l'eau le
Seigneur la promet à son peuple, son élu, à son
peuple de pauvres alors même qu'il traverse les vallées
de la soif, figure de la mort.
« Les miséreux et les pauvres cherchent de l'eau, et rien ! Leur langue est desséchée par la soif. Moi, Yahvé, je les exaucerai, Dieu d'Israël, je ne les abandonnerai pas ».
Isaïe 41. 17.
Bien que le peuple se rebelle au cours des 40 ans
d'exode dans le désert, Dieu lui manifeste sa Sainteté
en lui offrant l'eau abondante du Rocher.
Enfin au temps où le Salut sera offert aux
pécheurs par la Croix, l'eau et le sang sortiront du
côté ouvert du « Rocher » sur
lequel nous pouvons édifier la construction d'une vie
entière qu'aucune tempête n'ébranlera.
L'eau que Dieu donne aux pauvres, celle de
la terre et l'eau vive de l'éternité, qui guérit
du péché, le Seigneur nous invite à la partager :
elle ne tarira point. Grâce à elle, d'autres espèces
d'arbres grandiront comme ceux qui donnent fruits sur les berges du
Fleuve qui sort de la Porte du Temple.
« Quiconque donnera à boire à
l'un de ces petits rien qu'un verre d'eau fraîche, parce qu'il est
mon disciple, en vérité je vous le dis, il ne perdra pas
sa récompense ».
Saint Matthieu 10. 42.
Le pauvre Lazare lui même malgré le
mépris dont il avait été abreuvé durant
sa vie misérable par les puissants était disposé
à soulager le riche qui s'asséchait dans la
géhenne de feu. Un doigt trempé dans l'eau ne coûte
pas à celui qui s'abreuve aux sources d'eaux vives.
Il n'y fut pas autorisé... Seulement pour ceux
qui ont eu faim et soif de justice la promesse peut s'accomplir :
« L'Esprit et l'épouse disent :
Viens ! Que celui qui entend dise : Viens ! Et que l'homme
assoiffé s'approche, que l'homme de désir reçoive
l'eau de la vie, gratuitement ».
Apocalypse 22. 17.
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